vendredi 20 octobre 2017

Ma génération


C’est terrible comme à chaque fois que des histoires de vieux porcs harceleurs, homophobes, racistes, et j’en passe, défrayent la chronique, les membres de ma génération nés dans les années 70 et 80 se regardent hallucinés, pris dans un mélange de révulsion et d’incompréhension.

Tout cela, la prédation sexuelle éhontée, le racisme, l’homophobie, sont à ce point étrangers à nos codes culturels et comportementaux, qu’on en hallucine littéralement, mais aussi que l’on refuse l'idée de passer des débordements comportementaux d’aucuns à la censure bienpensante pour tous.

Car en effet, à chaque fois que des vieux porcs se lâchent, les vieilles chiennes de garde, au lieu de mettre un bon coup de journal-roulé sur la truffe de leurs vieux mâles, se mettent à vouloir museler tous les gaillards, y compris ceux de ma génération qui aiment autant fantasmer et rire de tout que de se comporter avec retenue et délicatesse.

C’est que ma génération a été éduquée dans des classes mixtes, a intégré comme normal le fait de discuter, collaborer et concourir avec les femmes ;  ne les voit pas uniquement comme des poupées sexuelles ou des petits êtres en porcelaine exotique à surprotéger ou infantiliser ; a appris à vivre globalement dans le respect de ce qui rapproche comme de ce qui différencie les sexes ; en somme, pour ma génération, « l’homme est une femme comme les autres » et vice-versa.

Par conséquent, même si tout est loin d’être idéal, ma génération n’a pas besoin de "théories du genre" gommant les différences, de censures morales exacerbées, de culpabilisation médiatique. Elle tient à pouvoir rire, à vanner fraternellement, à parler de tout, y compris de cul, toujours dans le respect des limites et des désirs de l’autre. Ma génération refuse de culpabiliser pour ces vieux pervers lubriques car elle sait recadrer ceux d'entre nous qui déconneraient.

Il en va de même pour le racisme, l’homophobie. Ma génération est celle de la « Marche des Beurs », du « Touche pas à mon pote », des festives   « Gay pride », de la fraternité pluri-ethnique-religieuse-sexuelle.

Épargnés par le communautarisme, on a tous grandi ensemble. Nous avons appris à discuter, à s’engueuler, à faire la fête, à travailler, ensemble.

Épargnés par la bienpensante censure,  nous avons appris à connaitre les qualités comme les petits travers les uns des autres, à se dire nos quatre vérités, et surtout à en rire pour avancer.

Moralité, ma génération n’a pas à s’excuser, à rougir, ou à refuser de rire de tout. Nous laissons cet examen de conscience aux  rejetons des archaïques cultures phallocrates à la masculinité finalement pas si bien affirmée que ça ou tranquillement vécue…

Par contre ma génération s’inquiète fortement de la montée des antagonismes ethniques et religieux chez les jeunes dans moult quartiers, mais aussi de la violence sexuelle qui suinte de la nouvelle génération et pas seulement dans les zones salafistisées. Lorsque j’observe comment garçons et filles se parlent dans les quartiers bourgeois, je suis interloqué, sans pouvoir me l’expliquer. C’est quoi leur problème ?!

Toutes choses qui me font d’autant plus regretter le fraternel « El Andalous » des années 80 que nous avons connu…



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