mardi 3 avril 2012

Crise ibérique : un problème culturel mon colonel


« Grèves et marasme au Portugal ; grèves et marasme en Espagne, comment expliques-tu cela, toi qui es originaire de la péninsule Ibérique », me demande un ami. « Oh, la, la, faut pas me poser des questions comme ça, voyons ! C’est que je suis un Celtibère de Gaule, moi, un assimilé. Je n’ai plus rien à voir avec ces gens-là » que je lui réponds. « Cesse tes conneries ; je suis certain que tu as un avis bien tranché sur la question » me rétorque-t-il.

Bon d’accord. Il est vrai que j’ai un petit avis sur l’origine du problème. A mon humble avis, la difficulté est surtout d’ordre culturel mon colonel.

Voyez-vous, en bon pécore catholique de l’ouest européen, le Portugalicien d’origine que je suis a été imprégné de deux éléments culturels assez marquants. Le mépris des riches ou plutôt une relation de haine-amour avec l’argent typiquement catholique, et une valorisation de l’artisanat ayant pour corolaire un mépris du commerce qui nous ramène au premier boulet culturel.

« Quel est le rapport avec la question ? » vous demanderez-vous, à l’image de mon pote. Elémentaire mes chers Watson.

Sans trop parler pour l’Espagne que je connais peu, le rapport est qu’au Portugal tout le monde veut être ingénieur. Cela déclenche de l’admiration quasi instantanément. À tel point que ceux qui le sont presque, n’hésitent pas à se parer de ce titre. Je me souviens encore des quolibets récoltés par le premier ministre Socrates à ce sujet. Par contre je connais peu de monde qui se dirait fier d’être dans le commerce international et plus largement dans les affaires. Cela inspirerait tout aussi rapidement de la méfiance et du mépris. Ne dit-on pas « quand on ne sait rien faire, on fait du commerce ».

Alors certes, les secteurs tertiaire et commercial se sont fortement développés ces dernières années. Cependant, je sens encore un frein culturel de ce côté-là. Comme je perçois encore et toujours cette jalousie-fascination-haine de l’argent ou réussite des autres.

Or, histoire de conclure, sans bizness, sans commerce, sans esprit d’entreprise, pas de travail pour les ouvriers comme les ingénieurs, pas de pognon pour payer les fonctionnaires et pas d’argent pour les prestations sociales…

Par conséquent la société portugaise, et peut-être même espagnole, sait ce qu’il lui reste à faire pour espérer se doter du niveau de vie dont elle a de plus en plus envie. Ouvrir un maximum d'écoles de commerce et grandir un peu en devenant bien plus cohérente.

Pour l’y aider, il serait bon également que la très influente Eglise portugaise finisse par convaincre ses ouailles que la « jalousie » est vraiment un vilain défaut. Surtout qu’il ne s’agit pas de prêcher la vénération de l’argent mais de sortir de sa pathologie inverse. Après tout, si ma très catholique maman est parvenue à se faire pour devise « si tu jalouses ce qu’il y a dans la maison d’autrui, travaille pour l’avoir », il n’y a pas de raison que d’autres n’y parviennent pas.

SILgueiro Maia

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