lundi 21 avril 2008

AVÉ CESAIRE HEREDITARI TE SALUTANT


Il aura fallu, Césaire, que tu ouvres les portes de l'Île des Bienheureux pour que celle de mon esprit s'ouvre à ta négritude. Avé Césaire. Il nous aura fallu te perdre pour que je te retrouve et découvre dans la critique qui te fut faite, ton principal hommage. Avé Césaire.

« La négritude est la manière noire d'être blanc » nous apprit le penseur béninois Stanislas Adotevi. Trop métis pour n'être que nègre ou blanc, mon esprit ne pouvait qu'entendre Adotevi.

C'était jusqu'à ce que ton entrée dans les champs Élysées me fasse comprendre que cette critique portait un hommage. À la manière du blanc tu savais être nègre car ton humanisme porte le nègre comme le blanc. Un nègre au costume blanc comme je sais être blanc de coutume nègre.

L'émotion éveilla ces réflexions et le rythme de mon sang tapant aux portes de mes tempes me fit entendre ce que tu es, l'un des fondements nègres de notre humanité. Me fit enfin entendre ce que tu nous avais déjà dis.

« Partir. Comme il y a des hommes-hyenes et des hommes-panthères, je serais un homme juif, un homme-cafre, un homme-hindou-de-Calcutta, un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas, l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture. On pouvait à n'importe quel moment le saisir, le rouer de coups, le tuer, parfaitement le tuer, sans avoir de comptes à rendre à personne, sans avoir d'excuses à présenter à personne, un homme-juif, un homme-pogrom, un chiot, un mendigot. »

Partir. Toi partant, j'ai enfin compris. Le mariage des sangs et l’humanisme n’exclu pas le choix de l’identité. L’Arlequin sait être patriote, de Madinina, de France ou d’ailleurs, toujours de ce monde.

Avé Césaire, tu n'auras pas semé en vain. Les champs Élysées sont tiens. Entre ici mon Aimé, nos cœurs d'hommes seront ton Panthéon. Aussi nous ne t'arracherons jamais aux fruits délicieux de ton Île des Bienheureux…

SILberto SIL

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